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Art en Larmes Art en Alarme

19 janvier 2014

Moi et toi (Bernardo Bertolucci): le dernier tango de l'adolescence

 

bertolluci

Bernardo Bertolucci n'en est plus à son coup d'essai. Chef de file de la "nouvelle vague" italienne il marque d'une belle bobine le 7ème art à cheval entre le 20ème et le 21ème siècle. Connu pour sa fameuse scène du "beurre" dans le dernier tango à Paris son cinéma est tout sauf graisseux et régressif. Il parvient à amener le spectateur là où il n'aurait pas pensé aller seul montrant le chemin d'une jeunesse transgressive qui joue des contestations pour présenter un pays sous toutes ses facettes: l'Italie. Cela faisait 30 ans que le réalisateur n'avait pas tourné dans son pays natal pour des raisons politiques. C'est donc un retour aux sources pour l'enfant de Casarola. On pense aux doux vers d'Alfred de Musset voyant son frère revenir d'Italie:

Ainsi, mon cher, tu t'en reviens 
Du pays dont je me souviens 
Comme d'un rêve, 
De ces beaux lieux où l'oranger 
Naquit pour nous dédommager 
Du péché d'Ève.

Sans dévoiler le fil linéaire du film nous pouvons rapidement présenter l'histoire qui nous a tenu en haleine pendant cette heure trente sept. Lorenzo 14 ans jeune adolescent boutonneux vit dans la timidité et décide de prendre un peu de recul. Pretextant un voyage en classe de neige il en profite pour s'enfermer dans sa cave. Durant une semaine entière il va vivre dans cet espace renfermé à l'image de sa psychologie. Une semaine tout à fait banale, mais c'est sans compter la venue fortuite de sa demi soeur Olivia qui va marquer un tournant dans le film et lui apporter toute sa force. S'instaure une cohabitation forcée où l'un n'a pas encore réellement vécu (encore à l'état d'embryon) et l'autre ayant trop vécu (excès en tout genre). Sept jours pour tout changer, pour s'aider mutuellement et se reconstruire. A ce stade du récit certains crieront au débalement prépubère nauséabond qui peuple toutes sortes de films post collégiens. Mais Bernardo Bertolucci ne tombe pas dans le piège qui lui était tendu et va se servir de ce thème de l'adolescence pour créer une réelle introspection où la fragilité se mêle à l'insouciance, au manque et à la solitude. Autant de thèmes que de saisons que l'on ne peut observer à la lumière du jour. Le choix du huis clos est donc pleinement justifié. Partant au départ pour vivre pleinement son sentiment de solitude, la lumière du jour le rattrapera t-il ? 

De retour dans son pays natal Bernardo Bertolucci nous livre ici une oeuvre poignante et étonnante de jeunesse. Il oublie ses problèmes de santé qui l'ont poussé à écarter les strapontins poussiéreux des cinémas d'art et essai au profit d'un siège roulant pour livrer une vraie réflexion sur l'existence à travers une adolescence brimée par la timidité. A 78 ans, le réalisateur livre son oeuvre la plus personnelle par le prisme de deux jeunes acteurs en devenir dont la magnifique Tea Falco qui on le sait fera bientot parler d'elle grace notamment à ses productions de photos époustouflantes qui font la joie de nombreux galleristes italiens. 

"Quand j'étais petit, je vivais l'instant présent en sachant qu'il allait disparaitre et j'éprouvais l'amertume de le perdre avant même de l'avoir perdu". B. Bertolucci

Arthur Y. 

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18 janvier 2014

Manifeste 21

 

                                                         renoir

 

Regarder le feu avant d’avancer sur les passages cloutés. Derrière cette phrase banale se cache une autre réalité. Avant d’avancer on regarde en arrière. Qu’a t-on accompli ? Lorsque l’on avance on doit franchir des passages cloutés. Quels sont ces obstacles ?

A la première question, une réponse simple s’impose : nombre d’avancées artistiques ont été accomplies. Elles ont été entreprises grâce à des « Grands » qui sont pour la plupart partis. On pense à Antonioni, Bergman, Truffaut, Mies Van Der Rohe, Camus. Après un état des lieux de notre patrimoine culturel universel, viennent des larmes de joie. Puis l’euphorie de la « Belle Epoque » laisse place à des larmes de tristesse.

Aujourd’hui quels artistes nous font encore rêver ? On nous abreuve de films qui se ressemblent tous dans leur médiocrité. Ne jetons pas tous les artistes aux loups, mais essayons de comprendre. Ils n’osent plus. Pourquoi donc ? Pourquoi dire « non » au XXIème siècle ? Certains répondront l’ambiance nauséabonde frein la création artistique. Crise, viagra, pilules pour feindre le bonheur. Ces obstacles nous empêchent de traverser. Comment avancer dans ces marécages de pauvreté intellectuelle? Pour avancer il faut comprendre, pour comprendre il faut étudier. Se donner des outils. Etudions donc certains films, certaines expositions, certains livres, pour voir ce qui est encore à garder. Tirons la sonnette d’alarme pour réagir, un ordre d’action, un slogan : l’art en larmes, l’art en alarme ! Ne vous laissez pas dicter vos manières de penser, car l’art se discute. L’œuvre s’accomplit pleinement grâce au spectateur car il fait partie de l’œuvre. A la suite de chaque critique commentez, levez-vous et osez dire votre façon de penser, votre critique de notre critique. Par souci de stabilité mentale et pour ne pas faire un site destructeur chaque publication mettra la lumière sur un de nos coups de cœur et un de nos coups de gueule en respectant à chaque fois cet équilibre.

L’art en larmes, l’art en alarme prenez la parole artistique. Innovons !

Arthur Y.

 

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  • Le 21ème siècle accueille un art en larmes, où l'innovation demeure rare. Ainsi partageons nos découvertes cinéphiliques, architecturales, et artistiques en tout genre le temps d'une nostalgie de la "belle époque".
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